Comme pour mon premier bébé, j’avais envie de faire un récit complet de la naissance de Noé. De quoi me souvenir de tous les détails, mais surtout de la manière dont j’ai ressenti les choses avec puissance. Ce fut une renaissance pour moi, encore plus que mon premier accouchement. J’ai eut la chance d’avoir un accouchement naturel et physiologique avec l’intégralité de mon projet de naissance respecté. Je l’ai également posté sur Instagram mais je voulais une trace sur mon blog. Bonne lecture à vous, n’hésitez pas à mettre un petit commentaire 🙂
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13 février – dans la soirée :
Je suis prise de contractions de plus en plus régulières vers 19h. Je n’en aie quasiment pas eut de cette grossesse, du coup je perçois qu’elles sont quand même bien fortes. Cela dure toute la nuit, malgré un bain et du spasfon. J’hésite plusieurs fois à réveiller Maxime, car je sais qu’il a besoin de dormir si c’est vraiment le jour J. Je tente de dormir, je m’endors par tranche de 5min entre 2 contractions, mais elles me réveillent systématiquement. Elles sont quand même de plus en plus fortes et toujours régulières.
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14 Février – 4h30 :
Je trouve que ça dure depuis un moment déjà. Nous partons pour Dijon, 1h de route assez compliquée à gérer pour moi. Verdict : col ouvert à 1,5 🎉. Mais plus les heures passent et plus les contractions s’espacent. On nous propose d’aller se promener pour faire avancer les choses tranquillement. Nous avons donc pris le temps de marcher beaucoup, de faire quelques magasins, de manger un bout ensemble. Bref, on s’amuse bien mais le travail semble se ralentir, je suis plutôt déçue. De retour à la maternité vers midi, le monitoring est très peu rythmé et le col n’a presque pas bougé : pas d’accouchement en vue, retour à la maison !
La suite de la journée fut calme, je me pose quand même des questions. Je ne m’attendais pas à cette conclusion et cette nuit quasiment blanche m’a épuisée. Je me repose, je sais que c’est pour bientôt malgré tout mais je ne contracte quasiment plus. D’un côté cela m’a permis de passer une nuit très réparatrice ce soir là, nous avons tous très bien dormi. Comme si Enzo avait senti que nous avions besoin de recharger les batteries.
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Le lendemain – 15 février :
Ce fut un début de journée calme, avec un soleil magnifique. Toujours zéro contractions à midi, nous en profitons pour faire des dernières photos tous les trois avec mon bidou. Vu le beau temps, je veux sortir pour passer un moment avec Enzo. Nous partons marcher au bord de l’eau au soleil. Au fur et à mesure, je sens que ça contracte doucement mais c’est encore très supportable, je n’y fais pas vraiment attention. Je commence quand même à noter les heures, on sait jamais.
Puis après une heure de marche, je me sens fatiguée et ça me tire beaucoup dans le dos. Je décide de rentrer à la maison pour me poser un peu. Sur la route du retour, je me suis dit que je devais arrêter de prendre le volant vu mes contractions, car ça devenait vraiment risqué sur la route… C’était la dernière fois effectivement !
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17h00 :
Je suis rentrée à la maison, je tente de me reposer un peu, je me dis qu’on a encore le temps. Mais les contractions s’intensifient doucement, je dois souffler pour les contrôler. Je tente de m’etirer à l’aide du ballon, mais je vois que ça pousse pas mal vers le bas. Cela m’oblige à me concentrer de plus en plus à chaque contraction. Je décide donc d’aller prendre une douche et spasfon pour atténuer tout ça. Mais rien n’y fait, il est 18h30 et le rythme reste soutenu.
Tout prend une tournure plus urgente d’un coup, je sens qu’on passe à 3 minutes d’intervalle et que ça devient difficile à contrôler. Je booste mon chéri pour qu’il comprenne bien l’urgence de la situation. Cette heure de route qui nous sépare de la maternité me fait un peu flipper à ce stade là. Une fois toutes les valises dans la voiture, Enzo confié entre de bonnes mains, des sandwichs préparés, le livret de famille retrouvé, nous partons !
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19h25 :
A ce moment là, je sais que ça n’a rien à voir avec les contractions de la veille. Arrivée prévue à 20h25, je gère difficilement la douleur avec la position assise de la voiture. Elles restent proches, je dois fermer les yeux et m’imaginer dans ma bulle pour tenter de mieux les supporter. Chéri roule vite, l’autoroute défile assez rapidement. Je compte le nombre de contractions approximatives avant notre arrivée pour me motiver. J’essaie de me détendre entre chaque, de chanter, de discuter histoire de passer le temps plus rapidement.
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Une fois sortis de l’autoroute, les 25min de route à 80km/h sont interminables… Je sens clairement que les contractions sont efficaces mais je me retiens pour ne pas trop stresser Maxime qui gère bien sa course à la maternité, ça ne devait pas être simple pour lui non plus. Le fait d’être coincée dans ce siège de voiture me donne l’impression désagréable que ça pousse vraiment de plus en plus vers le bas. Je me persuade du contraire, nous sommes bientôt arrivé, mais sur le moment ça n’est vraiment pas facile de se rassurer…
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20h25 :
Nous arrivons sur le parking de l’hôpital. Je me relâche enfin, j’ai réussi à ne pas accoucher sur l’autoroute… je suis tellement soulagée ! Arrivée sur place, Maxime annonce clairement les choses à l’interphone « on vient pour accoucher ! » La sage-femme nous accueille, je sais que le choix de l’équipe est primordial pour la réussite de mon projet alors je croise les doigts. Elle sort mon dossier, discute un peu, me pose le monito pour faire le point et m’examine : col ouvert à 5 ! Nous parlons ensuite de mon projet de naissance ensuite, semble ouverte sur le sujet, bonne nouvelle ! Elle me pose un cathéter pour agir en cas d’urgence et un monito en WiFi pour qu’elle surveille, tout en me laissant libre de bouger comme j’avais demandé 💪🏻
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21h00 :
Je suis contente d’en être déjà à ce stade, nous allons dans la salle de relaxation pour profiter de la baignoire qui avait bien aidé à mon premier accouchement. J’y reste presque 1h30, dans différentes positions car je m’y sens bien. Les contractions restent fortes et régulières mais je parviens à me détendre avec la chaleur du bain et l’atmosphère de la pièce. J’avais trouvé mon rythme de respiration et je réussissais à me relâcher un maximum pour permettre aux contractions d’être efficaces.
L’ambiance est zen, la déco est sympa et moderne comme à la maison, on s’y sent bien. La sage femme vient nous voir, nous dit qu’elle a lu mon projet de naissance et que tout lui semblait réalisable. Elle était juste réticente à faire le clampage tardif si bébé était en peau-à-peau, car selon elle, bébé doit être en declive. Elle nous dit aussi que certains points risquent de déranger le gyneco qui préfère viser la sécurité et ses habitudes. Mais elle va tout faire pour dévier et coller au mieux à notre projet, génial !
Nous discutons pas mal avec elle, nous trouvons un juste milieu afin de pouvoir quand même faire les deux comme nous le souhaitions. Je suis heureuse d’être tombée sur quelqu’un de compréhensive et je suis pleinement en confiance pour la suite. Par contre, je commence à avoir du mal à gérer la douleur qui me scie le dos due à la position de bébé. Maxime me donne l’homéopathie pour m’aider à gérer. Je ne suis pas sûre que ca marche mais ça ne fait pas de mal.
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22h30 :
Je décide de sortir du bain où je commence à trouver le temps long et avoir des bouffées de chaleur. Une fois sortie, je me rappelle m’être regardée dans le miroir et dire « je pense que c’est la dernière fois où je me vois dans le miroir avant que bébé arrive ». Effectivement, la sf m’examine de nouveau : col à 7/8. Il est temps de se diriger doucement vers la salle d’accouchement, celle où il y a une liane de suspension pour m’aider à me soulager au mieux.
Depuis que je suis sortie du bain, je sens que je commence clairement à diffilement gérer mes contractions. Je demande à Maxime de me masser le dos à chaque vague qui arrive, avec des huiles essentielles, et ça me fait tellement du bien ! Il va d’ailleurs continuer à me masser longtemps, je sens que j’en aie besoin pour y arriver. J’ai l’impression que le répit est de plus en plus court entre chaque vague.
Je tente de reprendre mes forces quand même en fermant les yeux et me détendant au maximum en attendant chaque nouvelle contraction. Je les imaginais dans ma tête, comme des vagues de plus en plus grosses, un tsunami qui approche avec une force incroyable. Des vagues que l’on voit arriver au loin, on a le temps de s’y préparer, et qui se dissipent rapidement. Mais je visualisais aussi ce bébé qui appuyait sur mon col, je l’imaginais comme une jolie fleur qui s’ouvrait progressivement.
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23h00 :
Je n’arrivais plus à entrer dans ma bulle comme je l’avais appris en hypnose à ce stade du travail. Ma respiration devenait difficile à gérer, quelque soit la position. J’alternais entre être suspendue à la liane pour étirer mon dos douloureux, en balancement sur le ballon, à 4 pattes au bord du lit… La sage-femme a tenté de nous aiguiller sur différentes positions adaptées à ma douleur, mais je trouve difficilement de quoi me soulager. Elle me propose un Nefopam pour la douleur à boire, j’accepte mais ça n’a eut aucun effet sur ma douleur à ce stade du travail.
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23h45 :
Je commence vraiment à perdre pied. Je sais que je galère totalement, je me demande si je suis dans cette fameuse phase de désespérance. Mais je ne suis pas sûre que ce soit ça car je me trouve encore bien « consciente » de ce qu’il se passait. Finalement c’était bien ça, la suite s’est nettement accélérée.
J’entends Maxime me dire qu’il est minuit, qu’il va naître le 16, mais je ne réalise plus rien à ce moment là. Il me rappelle aussi que chaque contraction me rapproche de mon bébé, cette phrase que j’ai longtemps encrée pour me motiver. Au milieu d’une énième contraction insurmontable, je sonne pour dire que c’est vraiment trop compliqué, je ne gère plus.
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0h15 :
La sage-femme reste près de nous, elle voit bien que j’ai à peine une minute de répit entre chaque contraction. Elle tente de m’aider à trouver une position plus confortable, on tente plusieurs choses mais je suis vraiment très mal. Je reste bloquée sur le lit accroupie comme tétanisée par la douleur, même quand je ne contracte pas. Même à ce moment, je ne songe même pas à la péridurale, c’est dingue comme j’étais déterminée dans mon choix. Je pense surtout que je sais qu’il est déjà bien trop tard pour reculer à ce stade du travail.
C’est à ce moment que la sage-femme me propose le gaz anti-douleur MEOPA, j’accepte sans hésiter. Je l’ai beaucoup utilisé quand je travaillais aux urgences, je sais que ça marche assez bien. Je ne gère plus rien, je n’arrive même plus à respirer, je souffle le plus vite possible mais ça n’aide vraiment pas. Elle me tend le masque à l’arrivée de la prochaine contraction, je respire fort, ça mets peu de temps à agir progressivement.
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Je me sens mieux, je réussis à respirer plus efficacement. J’entends la SF dire à Maxime « elle est consciente mais elle risque de dire n’importe quoi c’est normal » 😅. C’est comme si j’étais dans une bulle tout en étant consciente de toute l’agitation autour. La douleur était toujours là mais plus floue, je sentais clairement que bébé descendait beaucoup. Au bout de 2 contractions à respirer dans le masque, je commence à voir tout noir, je me sens partir. Je suis en train de paniquer, je balance le masque en criant « je suis en train de faire un malaise, aidez-moi« .
J’ai l’impression que je me divise de mon corps, je suis en panique à l’idée de perdre connaissance alors que je sens clairement que mon bébé descend, il est là je le sens bien. J’imagine clairement le scénario catastrophe alors que bébé est engagé. Une fois le masque retiré, je reviens doucement à moi et commence à voir de nouveau ce qui se passe dans la pièce. Par contre je souffre de nouveau terriblement et la douleur me fige sur le lit, je serre les poignées de toutes mes forces.
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À ce moment là, on m’explique que bébé arrive mais qu’il est gêné par ma position et que c’est ça qui me fait mal, il faut que je bouge. Je réponds « Non je peux pas bouger, je peux pas… ». Je le sentais tellement bas, j’étais tétanisée à l’idée qu’il sorte quand je bouge 😅. Puis j’ai eut un élan d’adrénaline, de survie, et je me suis retournée sur le dos d’un coup entre 2 contractions. Une fois sur le dos, on m’aide à me positionner dans une position physiologique. A peine retournée, je sentais clairement qu’il arrivait vraiment, je dis « il arrive, je pousse » parce que clairement ça poussait tout seul je n’avais pas le choix. La SF me répond « Vous gérez Fanny, c’est votre accouchement, je vous laisse faire allez-y ! « . Quel bonheur d’entendre cette phrase, me rappelant que je savais quoi faire, que j’allais y arriver, seule ! Du coup j’ai écouté pleinement mon corps, j’ai instinctivement posé ma main sur mon périnée pour doser la force de ma poussée histoire d’éviter une déchirure.
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0h37 :
C’était incroyable tellement les choses sont allées vite. A peine retournée, la poche des eaux s’est rompue immédiatement. J’ai poussé 2 fois et ça y est, Noé est là, il est descendu tellement facilement ! J’ai pu attraper mon bébé moi-même pour le poser sur moi direct en peau-à-peau. Le cordon a été clampé une fois qu’il avait cessé de battre uniquement, comme nous l’avions demandé.
Le placenta est sorti en une micro-poussée, intact, quel soulagement après une révision utérine très douloureuse pour mon premier… Mon gynécologue est resté 5 minutes à peine, il n’a rien eut à faire à part vérifier le placenta et le périnée intact. Il nous a d’ailleurs montré et expliqué le placenta comme je lui avais demandé, tellement incroyable.
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Ca y est, nous sommes réunis tous les 3 pendant 2 heures en peau-à-peau le temps de cette première tétée et de découvrir ce petit Noé. Les premiers soins ont été faits uniquement au bout de 2h et rien avant. Ce fut tellement magique, par la rapidité de cette finalité et par l’autonomie qu’on nous a laissé tout le long, jusqu’à la fin. Je me suis sentie tellement forte, telle une lionne, d’avoir réussi et d’avoir donné la vie par mon seul instinct, en m’écoutant. Tellement fière d’avoir tenu le coup, d’avoir un projet de naissance abouti à ce point. Je souhaite à toutes les femmes de ressentir cette puissance que j’ai perçu à ce moment là, malgré l’intensité de la douleur.
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Merci la vie pour ce cadeau, merci Noé de m’avoir faire re-naître moi-même, maman pour la seconde fois 💕
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